La semaine prochaine, samedi, Bruxelles célébrera la Journée de l’Europe – le jour où, en 1950, Schuman a prononcé son discours à Paris donnant naissance a l´idee de l’unite des pays européens précédemment déchirés par la guerre. Le même jour – le 9 mai, la Russie organisera le défilé aérien pour célébrer le 75e anniversaire de la victoire de la Seconde Guerre mondiale. La victoire en Europe est également commémorée le 8 mai – avec les mots “Plus jamais”, alors qu’en Russie – c´est plutot avec les mots “Nous pouvons répéter”.

La Fédération de Russie moderne est le successeur de l’URSS. Il s’agit principalement du respect des obligations découlant des traités internationaux signés par l’Union soviétique. Mais apparemment, la Russie “en tant qu’empire” essaie de s’approprier toutes les réalisations de l’Union soviétique.

A savoir, la victoire dans la guerre germano-soviétique de 1941-1945. Oubliant en même temps que les concepts de “Russie” et d ‘”Union soviétique” ne sont pas du tout identiques, car l’Union soviétique n’était pas seulement composée de Russie, mais aussi de seize (sans oublier la RSS de Carélie-Finlande) différentes républiques.

Le président russe Vladimir Poutine a annoncé en direct en 2010 que la Russie aurait gagné la guerre germano-soviétique sans l’aide des autres républiques soviétiques – parce que “la Russie est un pays de vainqueurs”. C’est comme si la Russie avait subi plus de 70% des pertes de l’Union soviétique, et c’est pourquoi la guerre a été gagnée aux dépens des ressources humaines et industrielles de la Russie.

Les concepts de “Russie” et d ‘”Union soviétique” ne sont pas du tout identiques, car l’Union soviétique n’était pas seulement composée de Russie, mais aussi de seize (sans oublier la RSS de Carélie-Finlande) différentes républiques.

Le manque de logique dans les mots de Poutine est évident. Après tout, quel lien peut-il y avoir entre le nombre de victimes d’une guerre et la quantité de ressources industrielles utilisées pour remporter la victoire? Et en général, comment des pertes importantes peuvent-elles indiquer une contribution importante à la victoire?

Voici un exemple simple et évident: la Chine a également subi d’énormes pertes pendant la Seconde Guerre mondiale – jusqu’à 20 millions de personnes. Mais pour une raison quelconque, on ne parle pas de la contribution décisive de la Chine à la victoire sur le Japon. Tout le monde sait que ce sont les États-Unis d’Amérique qui ont apporté une contribution décisive à la victoire sur le Japon, mais leurs pertes sont moindres des dizaines de fois.

La pire chose que l’on puisse faire est d’être fière de la perte de son peuple pendant la guerre! Après tout, c’est le prix terrible de la victoire!

Image: depositphotos_150945842-stock-illustration-victory-day-1939-1945-never

Chacune des républiques de l’ex-URSS a payé son prix pour la victoire sur le nazisme. Par exemple, en Ukraine, dont le territoire a à plusieurs reprises été balayé par un tourbillon impitoyable de la guerre, jusqu’à 7 millions d’habitants ont été mobilisés, soit 25% de soldats qui combattent dans les rangs de l’Armée rouge. Les Ukrainiens constituaient une partie importante du haut commandement de l’Armée rouge – ils étaient plus de 300 parmi les généraux et les amiraux. Plus de la moitié des fronts soviétiques étaient dirigés par des maréchaux et des généraux d’origine ukrainienne. Plus de 50 000 partisans soviétiques, de nombreuses organisations clandestines et des groupes armés de nationalistes ukrainiens ont combattu à l’arrière des troupes allemandes en Ukraine.

Pour le courage et la bravoure dont les batailles ont fait preuve, les Ukrainiens ont été décorés avec 2,5 millions d’ordres et de médailles de l’URSS (sur un total de 7 millions). Environ 2100 Ukrainiens sont devenus les Héros de l’Union soviétique, 32 – les Héros deux fois, et le pilote Ivan Kozhedub – l’as le plus productif de la coalition antihitlérienne – le Héros trois fois.

Le total des pertes irrémédiables de militaires d’origine ukrainienne représente de 3 à 4 millions de personnes (tuées, mortes en captivité, disparues, mortes dans les hôpitaux). Chaque second de ceux qui ont survécu était invalide de façon permanente.

De 4 à 5 millions de civils sont péris dans la zone d’occupation. 714 villes et plus de 28 000 villages ont été détruits, 10 millions de personnes se sont retrouvés sans loger. En Ukraine, plus de 250 camps de concentration et camps de travaux forcés ont été créés. 2,4 millions de ressortissants ukrainiens ont été emmenés au travail forcé en Allemagne. L’Ukraine a perdu plus de 40% de son potentiel économique, 419 000 installations industrielles ont été détruites. Tout cela a influencé pendant de nombreuses décennies la nature du développement de la production industrielle, de l’agriculture, des conditions matérielles des gens.

Le total des pertes irrémédiables de militaires d’origine ukrainienne représente de 3 à 4 millions de personnes (tuées, mortes en captivité, disparues, mortes dans les hôpitaux). Chaque second de ceux qui ont survécu était invalide de façon permanente.

Outre les Ukrainiens et les Russes, ce sont les ressortissants d’Ouzbékistan, de Biélorussie, du Kazakhstan, de Géorgie, d’Azerbaïdjan et d’Arménie qui ont le plus combattu dans les rangs de l’Armée rouge.

Plus de 1,4 million d’Ouzbeks ont été mobilisées dans les rangs de l’Armée rouge, dont plus de 650 000 ont été tuées ou ont disparu. 120 milles citoyens de la République ont été décorés avec les ordres et les médailles militaires, 338 sont devenus les Héros de l’Union soviétique.

Plus de 1,3 million de Biélorusses ont combattu dans les rangs de l’Armée rouge. 300 milles Biélorusses ont été décorés. Parmi eux 441 sont devenus les Héros de l’Union soviétique, quatre – les Héros deux fois. En même temps, en étant sous occupation plus de trois ans la Biélorussie a perdu environ 3 millions d’habitants. Il a été détruit 209 des 270 villes, 9 200 villages, plus de 100 milles sites industriels.

De  1,2 à 1,3 million de Kazakhs ont été mobilisées dans l’Armée rouge. Il s’agit d’un indicateur extrêmement élevé, car il représente près d’un quart de la population totale de la République. Parmi eux, entre 410 et 630 milles sont péris aux fronts de la guerre. Plus de 500 Kazakhs ont reçu le titre de Héros de l’Union soviétique, deux sont devenus les Héros deux fois.

La Géorgie a envoyé plus de 700 milles soldats à l’Armée rouge, dont plus de 300 milles sont morts. 280 Géorgiens ont été décorés avec les ordres et les médailles militaires, 164 sont devenus les Héros de l’Union soviétique, un – le Héros deux fois.

De l’Azerbaïdjan on a mobilisé aux rangs de l’Armée rouge de 600 à 700 milles personnes, dont chaque seconde (de 300 à 350 milles) a péris. Plus de 400 milles Azerbaïdjanais ont été décorés avec les ordres et les médailles militaires, 123 sont devenus les Héros de l’Union soviétique, deux – les Héros deux fois.

L’Arménie a envoyé plus de 500 milles personnes à l’Armée rouge, dont plus de 200 milles ont péris. Plus de 70 milles Arméniens ont été décorés avec les ordres et les médailles militaires, 107 sont devenus les Héros de l’Union soviétique.

Il convient également de rappeler que la victoire de l’Union soviétique dans la guerre est devenue possible grâce au soutien des alliés. Tout d’abord, des États-Unis d’Amérique, de la Grande-Bretagne avec ses dominions et ses colonies, ainsi que des dizaines d’autres pays à travers le monde. C’est que les opérations militaires contre l’Allemagne nazie ont été menées en Europe, en Afrique, en Asie et dans les eaux de tous les océans.

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Quant à la Grande-Bretagne, ce pays a combattu l’Allemagne hitlérienne dès le début de la Seconde Guerre mondiale jusqu’à sa fin – de septembre 1939 à mai 1945. C’est beaucoup plus long que l’Union soviétique qui, bien qu’elle soit entrée en guerre le 17 septembre 1939, n’a commencé à lutter contre l’Allemagne qu’en juin 1941. Jusque-là, l’URSS était un allié stratégique de l’Allemagne, la soutenant avec des livraisons à grande échelle de céréales, de produits pétroliers, de nickel, de manganèse et de minerai de chrome, de phosphates. Autrement dit, il faut le souligner, en soutenant directement les nazis dans leur guerre contre les Britanniques. Dans de telles conditions, pendant toute l’année – entre la défaite de la France et l’attaque allemande contre l’URSS, c’est-à-dire de juin 1940 à juin 1941 – la seule Grande-Bretagne avec ses dominions et ses colonies a fait face à Hitler et à ses alliés. Contrairement à l’Union soviétique, qui ne s’est jamais opposée indépendamment à la puissance militaire de l’Allemagne. Pourquoi, alors, les propagandistes russes continuent-ils d’utiliser le vieux mythe selon lequel l’Union soviétique supportait le “principal fardeau de la guerre” contre l’Allemagne? Et la Grande-Bretagne?

Depuis 1940, les Britanniques, et depuis 1942 aussi les Américains, ont effectué des bombardements aériens stratégiques du territoire de l’Allemagne et de ses alliés. Ils ont énormément contribué à saper les économies de ces pays. Sans frappes aériennes massives contre des installations industrielles, la guerre pourrait durer indéfiniment. Dans ce scénario, l’Allemagne, par exemple, pourrait avoir le temps d’achever le développement des armes nucléaires, et les États-Unis d’Amérique – d’utiliser leurs armes nucléaires en Europe.

Il convient également de rappeler que la victoire de l’Union soviétique dans la guerre est devenue possible grâce au soutien des alliés.

Il faut également se souvenir de l’aide que l’Union soviétique a reçue de ses alliés dans le cadre du programme de Lend-Lease. Ces livraisons ont été effectuées par l’océan Pacifique, l’Iran, l’Arctique, la mer Noire – selon la situation sur le théâtre des opérations. Au cours de 1941-1945, l’URSS a reçu 22 150 avions, 12 700 chars, 51 503 véhicules tout-terrain, 375 883 camions, 35 170 motos, 8 218 fusils, 131 633 unités d’armes automatiques, 12 997 pistolets, 345 735 tonnes d’explosifs, 2,67 millions de tonnes de produits pétroliers, 331 066 litres d’alcool, une grande quantité de nourriture et de médicaments.

La valeur de Lend-Lease est illustrée, par exemple, par un tel fait. Pendant les années de guerre, l’Union soviétique a perdu plus de chars et de canons automoteurs que l’industrie soviétique a produit: 96 500 contre 95 252. Autrement dit, sans l’aide du Lend-Lease, la situation des véhicules blindés serait catastrophique.

Au total, ce n’est que des États-Unis que l’Union soviétique a reçu 11,3 milliards de dollars d’aide (plus de 163 milliards de dollars américains au taux actuel), dont seulement 0,4% du montant a été payé (y compris l’inflation). Mais il y avait encore de l’aide de la Grande-Bretagne!

Quelle conclusion peut-on tirer de ce qui précède?

La génération moderne devrait respecter absolument également la contribution de chaque pays à la victoire sur le nazisme et le fascisme. Et se souvenir aussi du prix terrible que l’humanité a payé pour la paix. Et alors personne n’aura de pensées comme “nous pouvons répéter”. Au contraire, il y aura une volonté de faire tous ses efforts pour “plus jamais”!

La Russie n’aurait pas gagné la guerre sans l’Ukraine et l’aide des autres républiques de l’ex-Union soviétique. De plus, l’Union soviétique n’aurait pas gagné la guerre sans l’aide d’autres membres de la coalition antihitlérienne.

La génération moderne devrait respecter absolument également la contribution de chaque pays à la victoire sur le nazisme et le fascisme. Et se souvenir aussi du prix terrible que l’humanité a payé pour la paix. Et alors personne n’aura de pensées comme “nous pouvons répéter”. Au contraire, il y aura une volonté de faire tous ses efforts pour “plus jamais”!

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